Interdiction d’Aureille, pourquoi en sommes-nous arrivés là !
Pendant plusieurs décennies, la FFME a signé près d’un millier de conventions d’usage afin de pérenniser l’escalade sur de nombreuses falaises françaises, prenant ainsi la responsabilité juridique des sites et leurs entretiens, ceci à la place de propriétaires privés et de nombreuses collectivités territoriales. Ces conventions concernaient en priorité, les falaises dites «sportives», c’est-à-dire proposant des voies équipées à demeure selon les normes fédérales d’équipement. Suite à l’accident de Vingrau (2010), où une cordée expérimentée, grièvement blessée, a décidé d’intenter une action en justice Civile pour être indemnisée, la FFME a été jugée responsable sans faute et condamnée à payer 1,6 millions d’euros. De ce fait, l’assureur de la fédération a réagi en ne souhaitant plus assurer le risque lié à ces conventions, à moins d’une augmentation exorbitante de la cotisation. Cela a conduit la FFME à la solution radicale du « grand déconventionnement » avec pour objectif la suppression de toutes les conventions d’usage au 01/01/2023. A noter, que même si la nature a horreur du vide, personne n’a voulu prendre le relais : ni la FFCAM, ni la FSGT et ni les grandes enseignes de salles d’escalade qui pour certaines ont bien compris qu’il y avait un marché à prendre dans la pratique outdoor. La FFME a donc proposé aux collectivités territoriales un partage des responsabilités, ces dernières assumant la responsabilité de propriétaire ou gestionnaire et la FFME la responsabilité du suivi et des équipements du site.
Afin d’atténuer la responsabilité du propriétaire le Code du Sport a été modifié suite à un fort lobbying des fédérations et plus particulièrement de la FFME (loi 3DS art 215). Les présidents des Comités Territoriaux de la FFME ont donc pris leur bâton de pèlerin afin de demander aux maires de reprendre la responsabilité de leurs falaises ainsi qu’une participation financière pour l’entretenir, autant dire que nous n’avons pas toujours été bien reçus.
Dans certains départements, le Conseil Départemental ou des intercommunalités se sont substitués aux communes, dans d’autres il a fallu négocier commune par commune comme c’est le cas dans les Bouches-du-Rhône. Ce qui est certain, c’est que les maires sont plus réceptifs quand, sur leur territoire, il existe une association (généralement un club fédéral) qui permet aux jeunes de la commune de pratiquer l’escalade. Sachant que dans un département comme les Bouches-du-Rhône où économiquement l’escalade ne présente aucun intérêt dans la majorité des communes, seule la présence d’un tissu associatif (club ou association) ou regroupement de professionnels permettront de conserver notre patrimoine naturel d’escalade, les clubs (FFME, FFCAM, FSGT..) restant les meilleurs garants de nos falaises.
A moins bien-sûr que les grimpeurs décident de créer des collectifs suffisamment représentatifs pour être des interlocuteurs fiables, mais là ce n’est pas gagné…
Concernant les Alpilles, je tiens à remercier les communes de Mouriès, Saint-Rémy, Tarascon, Le Paradou et bientôt Orgon qui ont fait confiance aux club locaux et au CT13 FFME pour accepter de pérenniser l’escalade sur leur territoire. En espérant que les élus d’Aureille, reviennent à de meilleures dispositions, sachant que la commune n’hésite pas dans la rubrique municipale à mettre en valeur la pratique de l’escalade sur le site des Civadières. Par ailleurs, sachant que le domaine où se situe la falaise est en vente et que le département s’est porté acquéreur, espérons que ce dernier ne pérennisera pas l’interdiction… Et pour être complet, quid du TA (terrain d’aventure) qui représente dans les Bouches-du-Rhône les 2/3 de notre patrimoine d’escalade (Calanques, Canaille, Sainte-Victoire, Sainte-Baume) et dont l’entretien se fait ou pas dans le plus grand flou juridique, avec certains propriétaires ou gestionnaires, mais cela est une autre histoire…